domenica 23 dicembre 2012

Henri-Paul Fruchaud e Jean-François Bert, « Un inédit de Michel Foucault : « La Parrêsia »@ Anabases, 16, 2012


couverture Anabases16



















Anabases, 16, 2012



Michel Foucault, « La Parrêsia », Anabases, 16 | 2012, 157-188



Je te remercie beaucoup de m’avoir invité. Je viens ici, vous savez, en solliciteur : je veux dire que, jusqu’il y a quatre ou cinq ans, ma spécialité, enfin ce qui était le domaine de mon travail, ne touchait guère à la philosophie antique ; et puis c’est à la suite d’un certain nombre de zigzags, de crochets ou de marches régressives dans le temps que j’en suis arrivé à me dire que c’était tout de même très intéressant. Donc je viens là en train de faire un travail. Henri Joly a bien voulu, un jour où je lui posais des questions, lui expliquais mes problèmes, me dire que vous accepteriez peut-être d’en discuter avec moi, dans l’état d’imperfection où se trouve mon travail pour l’instant. C’est des matériaux, c’est des références à des textes, des indications ; l’exposé que je vais vous faire est donc lacunaire et vous serez très gentils si vous voulez bien, premièrement pousser des cris quand je suis décati, m’interrompre quand vous ne comprenez pas ou que ça ne marche pas et puis à la fin en tout cas me dire ce que vous pensez. Voilà donc d’abord comment j’en suis venu à me poser ce genre de questions. Ce que j’avais étudié depuis au fond assez longtemps, c’était la question de l’obligation de dire vrai : qu’est-ce que c’est que cette structure éthique interne au dire-vrai qui fait que, en dehors, si vous voulez, des nécessités se référant à la structure du discours ou à la référence du discours, quel est ce lien qui fait que quelqu’un est obligé à un moment donné de dire vrai ?
Pour dire les choses très schématiquement, il me semble [...] que ce soit un mode de vie, un mode de vie comme pourrait l’être par exemple le mode de vie philosophique. Il est absolument certain que le mode de vie philosophique implique absolument la parrhêsia ; Il ne peut pas y avoir de philosophe qui ne soit un parhrèsiaste ; mais le fait d’être parrhèsiaste ne coïncide pas exactement avec le mode de vie philosophique. Je crois que – en tout cas c’est ce que je voudrais vous suggérer – il faudrait envisager la parrhêsia sous l’angle de ce qu’on appelle maintenant une pragmatique du discours, c’est-à-dire qu’il faudrait considérer la parrhêsia comme l’ensemble des caractères qui fondent en droit et qui assurent en efficacité les discours de l’autre dans la pratique du souci de soi...
Voila donc d’abord comment j’en suis venu à me poser ce genre de questions. Ce que j’avais étudié depuis au fond assez longtemps, c’était la question de l’obligation de dire vrai : qu’est-ce que c’est que cette structure éthique interne au dire-vrai qui fait que, en dehors, si vous voulez, des nécessités se référant à la structure du discours ou à la référence du discours, quel est ce lien qui fait que quelqu’un est obligé à un moment donné de dire vrai ? Pour dire les choses très schématiquement, il me semble [...] que ce soit un mode de vie, un mode de vie comme pourrait l’être par exemple le mode de vie philosophique. Il est absolument certain que le mode de vie philosophique implique absolument la parrhêsia; il ne peut y avoir de philosophe qui ne soit un parhrèsiaste;mais le fait d’être parrhèsiaste ne coïncide pas exactement avec le mode de vie philosophique. Je crois que – en tout cas c’est ce que je voudrais vous suggérer – il faudrait envisager la parrhêsia comme l’ensemble des caractères qui fondent en droit et qui assurent en efficacité les discours de l’autre ans la pratique du souci de soi...

Un inédit de Michel Foucault : « La Parrêsia ». Note de présentation


Henri-Paul Fruchaud et Jean-François Bert

p. 149-156

C’est à l’invitation d’Henri Joly, spécialiste de la philosophie antique, que Michel Foucault prononce au mois de mai 1982 à l’université de Grenoble une conférence consacrée à la parrêsiapeu de temps après la fin du cours au Collège de France de l’année 1982, dans lequel cette notion apparaît pour la première fois dans ses travaux. Henri Joly connaissait Foucault depuis son passage à Clermont Ferrand, et comme le précise Pascal Engel : « Le spécialiste de Platon qu’était Joly s’intéressait au “retour aux Grecs” de Foucault et ce dernier avait accepté de venir donner un exposé. Nous allâmes ensemble le chercher à la gare, en l’attendant à la sortie principale, mais là point de Foucault. La gare de Grenoble a une seconde sortie, quasi clandestine, qu’on prend rarement. Michel Foucault trouva le moyen de passer par là et nous eûmes la surprise de l’entendre nous héler derrière nous. Il était, comme le dit une page célèbre de L’Archéologie du savoir, “ressurgi ailleurs” et “en train ...

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