giovedì 28 febbraio 2013

Foucault and Religion


Foucault Studies, 15, 2013


fs-15


Table of Contents

Editorial
Sverre Raffnsøe, Alain Beaulieu, Sam Binkley, Patricia Clough, Jens Erik Kristensen, Sven Opitz, Jyoti Puri, Alan Rosenberg, Marius Gudmand-Høyer & Ditte Vilstrup Holm
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Special Issue on Foucault and Religion
Foucault and Religion – Guest Editors’ Introduction
        John McSweeney
Suspicion and Love
        Matthew Chrulew
Ambivalent Modernities: Foucault’s Iranian Writings Reconsidered
        Corey McCall
Rupture and Transformation: Foucault’s Concept of Spirituality Reconsidered
        Jeremy Carrette
Religion in the Web of Immanence: Foucault and Thinking Otherwise after the Death of God
        John McSweeney____________________________________________
Interviews
A Conversation with James Bernauer
        Edward McGushin___________________________________________
Articles
The Crossroads of Power: Michel Foucault and the US/Mexico Border Wall
        Thomas Nail
Philosophical Parrêsia and Transpolitical Freedom
        Ottavio Marzocca
Between Bodies and Pleasures: A Territory Without a Domain
        Laura Hengehold
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Toolbox

Security as Dispositif: Michel Foucault in the Field of Security
       Ricky Wichum
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Reviews
Anne Schwan & Stephen ShapiroHow to Read Foucault’s Discipline and Punish (London: Pluto Press, 2011)
        Max Rosenkrantz
Yunus TuncelToward a Genealogy of Spectacle: Understanding Contemporary Spectacular Experiences (Ålborg: EyeCorner Press, 2011)
        Apple Zefelius Igrek
Timothy C. CampbellImproper Life: Technology and Biopolitics from Heidegger to Agamben (Minneapolis: University of Minnesota Press, 2011)
        Daniel Skinner
James MillerExamined Lives: From Socrates to Nietzsche (New York: Farrar, Straus and Giroux, 2011)
        Craig Minogue
Herculine BarbinMes Souvenirs. Histoire d’Alexina/Abel B. (Paris: La cause des Livres, 2008)
        Andrea Rossi
Antonio NegriThe Labor of Job: The Biblical Text as a Parable of Human Labor(Durham & London: Duke University Press, 2009)
        Salvatore Cucchiara
Mari Ruti, The Summons of Love (New York: Columbia University Press, 2011)
        David Sigler
Laura HengeholdThe Body Problematic: Political Imagination in Kant and Foucault(University Park, Penn.; The Pennsylvania State University Press, 2007)
        Alexander I. Stingl

mercoledì 27 febbraio 2013

Stéphane Hessel et Michel Foucault



Mort de Stéphane Hessel 


Stéphane Hessel, auteur d'Indignez-vous !, est mort dans la nuit du mardi 26 au mercredi 27 février à l'âge de 95 ans, a-t-on appris mercredi. L'ancien diplomate et résistant "est mort dans la nuit", a confirmé son épouse, Christiane Hessel-Chabry.

Né le 20 octobre 1917 à Berlin, "l'année de la révolution soviétique", aimait-il àrappeler, dans une famille juive convertie au luthéranisme, il arrive en France en 1925. Sa mère, Helen Grund, sera le modèle de Catherine dans "Jules et Jim", l'histoire d'une femme aimée par deux amis que Truffaut portera à l'écran en s'inspirant du roman de Henri-Pierre Roché. Son père, lui, traduit Proust en allemand avec le philosophe Walter Benjamin.

Naturalisé en 1937, reçu à Normale Sup en 1939, Stéphane Hessel, qui parle allemand, français et anglais, est l'incarnation de l'intellectuel européen. Il suit les cours de Merleau-Ponty, lit Sartre. Mobilisé en 1939, fait prisonnier, il s'évade et rejoint Charles de Gaulle à Londres. Envoyé en France en 1944, il est arrêté et déporté à Buchenwald, où il maquille son identité pour échapper à la mort. Il s'évade de nouveau, est rattrapé, saute d'un train, rallie les troupes américaines et arrive gare du Nord en mai 1945.
A la Libération, il rejoint le secrétariat général de l'ONU, participe en tant que secrétaire à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme et devient diplomate. Elevé à la dignité d'ambassadeur de France par François Mitterrand en 1981, il milite pour les sans-papiers – il est médiateur lors de l'occupation à Paris de l'église Saint-Bernard – et pour les Palestiniens, ce qui lui vaut les foudres des associations juives.
Promu grand-officier de la Légion d'honneur en 2006, Stéphane Hessel est aussi écrivain et féru de poésie. Auteur en 2006 de O ma mémoire : la poésie, ma nécessité, il n'aime rien tant que réciter du Baudelaire ou du Verlaine, et connaît par cœur plus d'une centaine de poèmes.
En politique, il a suivi Pierre Mendès-France, soutenu Michel Rocard en 1985, s'est présenté en 2010 en position inéligible sur les listes d'Europe Ecologie et a apporté en 2012 son soutien au candidat PS François Hollande. Homme de gauche et Européen convaincu, il était connu pour ses prises de position engagées.
Il aura connu un succès phénoménal avec son livre Indignez vous !. Enthousiaste comme à 20 ans, il se réjouissait que son message recueille le soutien des jeunes en Espagne ou en Grèce, où beaucoup de protestataires brandissaient son ouvrage. Ce succès foudroyant "est encore un étonnement pour moi, mais cela s'explique par un moment historique. Les sociétés sont perdues, se demandent comment faire pour s'en sortir et cherchent un sens à l'aventure humaine", confiait-il en mars 2012 à l'AFP.
(Le Monde.fr avec AFP | 


Hessel et les Cours de Michel Foucault

"C’est l’intelligence du juge qui, en l’occurrence, nous tire d’affaire : le premier 
vice-président du tribunal Jean Favard, après avoir pris connaissance du dossier 
et avoir écouté les deux parties – et, au titre d’« intervenant volontaire », Daniel 
Defert, assisté par l’avocat Christian Revon – décide de proposer la nomination
de l’ex-ambassadeur Stéphane Hessel comme « médiateur entre les parties
en litige » dans le but d’atteindre « l’accord des parties sur une solution
amiable ».
Du même coup, au cours de l’été 1991, furent organisées différentes rencontres
avec Stéphane Hessel auxquelles participèrent aussi Daniel Defert,
François Ewald (qui représentait alors l’Association pour le centre Michel-
Foucault) et Pierre Nora, comme représentant de Gallimard (...)
Au terme de ces discussions, S. Hessel remit au juge un rapport dans lequel
il constatait l’accord des parties sur l’abandon de l’édition italienne et la
destruction des exemplaires encore détenus par l’éditeur, sur la reconnaissance
de sa faute par Gallimard (pour l’édition dans Les Temps Modernes
d’une des leçons) et, c’est le point essentiel, sur la nécessité de prendre en
considération « l’éventualité d’une publication écrite des cours de Michel
Foucault au Collège de France et les arguments en sa faveur développés :
cette édition devrait être conduite avec toutes les précautions nécessaires
par une équipe pluridisciplinaire constituée autour du Centre Foucault
qu’anime M. Ewald (en outre, en cas de publication “M. Fontana […] serait
appelé, avec d’autres, à coopérer à ce travail”) ». Cet accord permet l’extinction
de l’action légale et pose les bases d’une préparation des éditions des
cours en accord avec les héritiers. Le 12 novembre 1991, le juge remet sa
sentence qui reprend les propositions de Stéphane Hessel.
Au début de l’année 1992, les héritiers de Foucault décident d’accepter
la proposition de procéder à la publication des cours au Collège de France.
Un contrat est conclu pour une coédition Gallimard-Le Seuil et un comité
éditorial dirigé par François Ewald et Alessandro Fontana est constitué ; il
est composé de Mauro Bertani, Frédéric Gros, Jacques Lagrange, Valerio
Marchetti, Michel Senellart, avec Daniel Defert comme consultant extérieur.
Une première réunion répartit la responsabilité de la préparation
des différents volumes..."
(Christian DEL VENTO e Jean-Louis FOURNEL, "L’édition des cours et les « pistes» de Michel Foucault. 
Entretiens avec Mauro Bertani, Alessandro Fontana et Michel Senellart", Laboratoire italien, 7, 2007)


sabato 23 febbraio 2013

Vie et mort de Paul Gény


«"Vie et mort de Paul Gény" est une réflexion sur l'erreur»

22 janvier 2013 à 11:57

TCHAT Entre réel et fiction, Philippe Artières a enquêté sur le meurtre, dans une rue de Rome, d'un aïeul de l'auteur, brillant jésuite dans l'Italie fasciste d'avant guerre. Il a répondu à vos questions.

Denis. A quel moment, dans quelles circonstances, vous a-t-on relaté cette histoire?
Philippe Artières. L’histoire familiale était dominée par un couple d’arrières grand-pères, officiant tous les deux à Nancy : l’un doyen à la faculté de droit, éminent juriste, François Gény, le grand homme; l’autre doyen de la faculté de médecine, Maurice Perrin. Ça, c’est l’histoire glorieuse. La grande Histoire. Mais, enfant, ma mère m’avait raconté que le frère de François était jésuite, et qu’il avait été assassiné. Elle ne l’avait pas connu et m’avait conté que c'était comme religieux qu’il avait été assassiné. L’histoire est un peu autre, ou tout au moins, celle que je raconte est un peu autre.
Baudoin. Quelles répercussions l’assassinat de votre grand-oncle ont-elles eues sur votre famille?
P. A. La constitution d’un petit sac en plastique, avec quelques coupures de presse, en italien et en français, et l'écriture de deux lettres rédigées, le jour même de l’assassinat par deux grands oncle et tante, de Rome où ils rendaient visite au bon père. C’est de là que je suis parti. Je n’en ai pas fait grand bruit, mais j’ai eu envie d’associer à cette entreprise de généalogie sauvage l’un de mes cousins, comédien, Nicolas Gény. Je l’ai invité à Rome, sans rien lui dire pour lui transmettre oralement ce que j’avais trouvé. Pour le reste, c’est une histoire qui commence. Ce qui va se passer, je ne sais pas.
Baptiste. Qu’apporte «Reconstitution» (1) à votre livre «Vie et mort de Paul Gény»? N’avez-vous pas l’impression d'être un peu sorti de votre rôle d’historien?
P. A. Je me suis demandé, quand je suis arrivé à Rome, comment et où retrouver la trace de Paul Gény? C'était le week-end de la béatification de Jean Paul II. Il y avait foule, beaucoup de religieux et religieuses en habit. Je suis entré dans une boutique, comme il y en a beaucoup à Rome, et j’ai acheté une soutane car il me semblait que pour travailler, écrire, inventer Paul Gény, il me fallait un corps, m’approcher du sien, expérimenter l’hérédité; mais au fur et à mesure des jours de cette expérimentation, j’ai réalisé que l’essentiel n'était pas tant de porter la soutane que de parcourir la ville, cette ville, ces rues où Paul Gény avait été assassiné.
Comprendre l'écart avec le passé, mais aussi confronter la période politique d’alors, les violences fascistes, et notamment la nuit de Florence, en octobre 1925, avec l’actualité, celle de l’arrivée de réfugiés tunisiens et libyens et la répression dont ils faisaient l’objet par la population même. C'était évidemment aussi prendre en compte le fait qu’il n’y avait pas que les sujets de l’Histoire qui avaient un corps, mais que les historiens en avaient aussi un. Que l’expérience sensible qu’ils faisaient intervenait probablement aussi sur la manière dont ils écrivaient l'événement.
Michel. Pendant que vous écriviez ce livre, quel rapport aviez vous avec cet aïeul? Se trouvait-il présent à vos côtés?
P. A. Au départ, il y avait cet aïeul, je suis allé à sa rencontre à travers ce que je connaissais le mieux, les archives, celles des jésuites en France, à Rome, celles de la police, celles de la justice. Je suis entré dans un monde, celui d’une philosophie qui était parallèle à celle que j’avais étudiée, contemporaine de Bergson, la philosophie scolastique et le renouveau thomiste, mais, en somme, tout cela m'était très étranger.
La vraie rencontre, je l’ai faite dans un bâtiment d’archives isolé, loin de tout, là j’ai trouvé le dossier de Bambino, l’assassin. Une vraie familiarité, une autre généalogie est née. Il faut dire que depuis vingt ans, j’ai beaucoup voisiné avec les écrits des criminels, des aliénés, et autres «anormaux».
Natacha. Qu’est-ce qui vous a poussé a faire ce travail de mémoire? Et pourquoi maintenant?
P. A. C’est une contre-mémoire; je suis parti effectivement d’une pratique de plus en plus courante, qui est la généalogie mais j’ai été rattrapé par l’Histoire. Par mon histoire personnelle, par celle que j'étais en train de vivre, mais aussi par ce que j’ai découvert, à savoir une série d’erreurs. Des erreurs qui émaillaient les différents récits qui étaient faits du meurtre. Le livre c’est au fond une réflexion sur l’erreur, au sens où on entend le verbe «errer», c’est-à-dire «ne pas trouver son chemin», «se perdre». Paul n’a pas trouvé ses neveux venus le visiter. Bambino a donné pour mobile de son crime le fait que sa mère s'était suicidée à la suite de l’annonce erronée faite par le curé du village de la mort de son fils, sur le champ de bataille, les historiens des religions expliquaient l’assassinat de Gény en raison de sa ressemblance avec le père Venturi, émissaire du Vatican auprès de Mussolini pendant les accords du Latran...
Jean. Pensez-vous que ce goût que vous avez pour les histoires anonymes prend racine dans ce fait divers qui a marqué votre famille?
P. A. Pour moi, il ne s’agit pas d’un fait divers. Tout au moins, ce n’est pas la manière dont je l’ai appréhendé. Le livre s'ouvre sur cette mort et se ferme sur une autre qui m’est plus intime; en somme c’est le parcours entre ces deux morts que j’ai voulu écrire. C’est pour cela que je suis parti à Rome, c’est pour cela que j’ai pris une année loin du CNRS et de la recherche.
Curieuse. Que pense votre famille de votre initiative? Avez-vous écrit ce livre pour elle? Pour honorer la mémoire de votre grand-oncle?
P. A. En partant à Rome avec ce projet je voulais me remémorer un événement que je n’avais pas connu, dont je n’avais pas été témoin. Je voulais l'écrire de manières très diverses, et j’ai très vite, en me promenant dans Rome, compris que si les écrits étaient beaucoup dans les bibliothèques, ils étaient aussi et d’abord sur les rues et les monuments; j’ai donc entrepris très sérieusement de faire apposer une plaque commémorative dans la rue San Basilio, lieu du crime. J’ai fait des demandes d’autorisation, j’ai demandé des devis, j’ai commence à solliciter la famille par souscription, sans dire véritablement quel serait l’objet de la plaque; j’ai aussi entièrement photographié tous les documents relatifs à Paul Gény et à son assassin, je les ai versés aux archives de la villa Médicis, où ils sont désormais conservés.
J’ai aussi, du moins c’est ce que je raconte dans le livre, fait une distribution de tracts portant des citations de Paul Gény, j’ai également traversé la ville en homme sandwich, avec un porte voix, en déclamant dans mon piètre italien certains extraits de son enseignement. Un autre jour, je suis allé avec mon cousin écrire à la craie sur les murs  les mots que prononça l’assassin au moment du crime... Ecrire l'événement de différentes manières. La première partie du livre n’est en somme que le récit de ces écritures.
Mireille. Avez pu rencontrer à Rome les descendants de l’assassin de votre grand-oncle? Avez-vous pu accéder à des documents en leur possession?
P. A. J’ai rencontré Bambino à Reggio Emilia, où il était mort. Je l’ai rencontré dans les lieux où il avait vécu pendant quarante ans, ceux de l’asile, ceux de l’hôpital psychiatrique, puisque Bambino n’avait jamais été jugé considéré comme irresponsable; je l’ai rencontré dans ces lieux qui avaient tous fermé au début des années 1980, à la suite de la loi initiée par Franco Basaglia, cela a été bouleversant pour moi que de visiter tout ce patrimoine noir, moi qui résidait dans le temple du patrimoine, la villa Médicis.
(1) «Reconstitution, Jeux d'Histoire» Philippe Artières, Manuella éditions.

From: www.libération.fr

giovedì 21 febbraio 2013

Alessandro Fontana, philosophe et pivot des études foucaldiennes


Alessandro Fontana en 2001

Le Monde.fr | 


Alessandro Fontana naît le 25 mars 1939 dans une famille de la bourgeoisie cultivée de la Vénétie. Orphelin de mère à l'âge de quatre ans, il est élevé d'abord par des tantes puis par son père, proviseur de lycée à Sacile, une petite ville de la campagne vénète. Après des études de lettres et philosophie à l'Université de Padoue où il soutient un mémoire de fin d'études sur la notion de mythe, il part pour la France comme assistant de langue italienne à Montpellier, puis rejoint rapidement Paris au milieu des années 1960, là où se situe pour lui l'espace intellectuel le plus stimulant.

Il devient rapidement lecteur à la section d'italien de l'Ecole Normale supérieure de Saint-Cloud, puis maître de conférences et professeur à l'ENS de Fontenay-Saint-Cloud (suivant enfin l'Ecole à Lyon à partir de 2001). Des années 1960 jusqu'aux années 2000, il va dispenser ses cours à des générations de normaliens et d'auditeurs : cette tâche sera la sienne jusqu'à sa retraite en 2007, et il la poursuivra ensuite en tant que professeur invité à la Faculté de droit de l'Université de Trente.
FIGURE SINGULIÈRE
C'est dans ce cadre que se construisit peu à peu la figure singulière d'un philosophe adepte de Foucault et de Deleuze, passionné par la généalogie de la psychanalyse, mettant ce savoir spécifique au service d'une étude approfondie de l'histoire de la littérature et de la culture italienne, avec une prédilection pour certains des " classiques " dont il entreprend à chaque fois une relecture radicale et toujours " critique " (Laurent de Médicis, Machiavel, Guicciardini, Castiglione, Verri, Beccaria, Goldoni, Alfieri, Foscolo, Manzoni), dans des allers et retours constants entre les " grands " auteurs de sa culture d'origine et les débatsphilosophiques les plus actuels de sa culture d'adoption. A cet égard, le travail polymorphe qu'il conduisit sur l'histoire politique et littéraire de Venise, comme " civilisation des masques " et comme " cité retrouvée ", est sans doute l'espace textuel de croisement symbolique des deux âmes de ses recherches et de ses goûts.
A Paris, il fréquente d'abord le séminaire de François Furet à la VIe section de l'Ecole pratique des hautes études (il est à ce titre l'un des co-auteurs de Livres et société dans la France du XVIIIe siècle, Paris, Mouton, 1965) et collabore avec les historiens liés à l'école des Annales, notamment avec Ruggero Romano qui, de la fin des années 1960 au début des années 1980, l'associe à plusieurs desentreprises collectives de la prestigieuse maison d'édition turinoise Einaudi, de laStoria d'Italia à l'Enciclopedia (les articles qu'Alessandro Fontana rédigea à cette occasion furent rassemblés en 1990 sous le titre Police de l'âme : voix pour une généalogie de la psychanalyse).
UN TOURNANT DANS SA VIE
Au début des années 1970, la rencontre avec Michel Foucault est un tournant dans sa vie. Il quitte le séminaire de Furet pour celui de Foucault et devient vite l'un des " passeurs " de la pensée foucaldienne en Italie : il participe à Moi, Pierre Rivière et traduit La Naissance de la clinique et L'ordre du discours pour Einaudi. Il sera aussi notamment à l'origine d'un recueil d'articles et d'interventions de Foucault paru chez Einaudi en 1977 sous le titre Microphysique du pouvoir, un petit ouvrage qui connut un succès de librairie impressionnant : vendu à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires, il devint un des livres de référence pour les acteurs des mouvements sociaux italiens de la fin des années 1970.
Après la mort du philosophe, il fut à l'origine de la publication des cours de Michel Foucault au collège de France. C'est en effet lui qui convainc, au milieu des années 1990, les légataires et la famille du philosophe, qui avait stipulé qu'elle ne voulait pas voir de textes inédits publiés posthumes, de ne pas considérer ces cours comme des inédits. A partir de 1997, il codirige, avec François Ewald, la publication de l'ensemble des cours de Michel Foucault au Collège de France, en commençant par le cours de 1976 Il faut défendre la société, jusqu'au tout récentDu gouvernement des vivants, sorti à l'automne dernier (Seuil-Gallimard, collection EHESS).
SON GRAND ŒUVRE
Parallèlement à ce travail foucaldien, Alessandro Fontana a participé activement à la création, à l'ENS de Saint-Cloud-Fontenay, du Centre de recherches sur la pensée politique italienne (CERPPI) au début des années 1990 ; un centre de recherches au sein duquel il a mené à bien et coordonné des traductions commentées (notamment Les discours sur la première décade de Tite Live de Machiavel, paru chez Gallimard en 2004) et des publications collectives (Venise 1297-1797. La république des Castors, ENS Editions, 1997 ; Venise et la révolution française. 470 dépêches des ambassadeurs vénitiens au doge 1786-1795Bouquins Laffont, 1998 ; Histoire de la République de Venise, de Pierre Daru, Bouquins Laffont, 2004).
La mort l'a frappé brutalement à Paris, dimanche 17 février 2013, alors que touche à sa fin le travail imposant de publication des cours de Foucault, son grand œuvre, un travail qu'il a suivi pas à pas, volume après volume, relisant chaque page et chaque note, en entretenant de longues discussions avec les responsables de chacun des volumes. L'enseignement d'Alessandro Fontana a été essentiel pour des générations de jeunes normaliens, et ses initiatives ont eu une importance majeure dans le domaine des études foucaldiennes. Mais, au-delà, il laissera à ceux qui l'ont croisé un jour ou l'autre, à la vieille Bibliothèque nationale de Paris ou sur la place du Dôme de Trente, le souvenir d'un fin lettré et d'un subtil commentateur, d'un homme de conversations socratiques, toujours prêt à donnercette chose qui ne s'apprend pas, et qui est pourtant peut-être parmi les seules qui vaillent : le désir de comprendre, l'envie de savoir, de connaître, de penser, l'envie de se construire " aussi.

from: www.lemonde.fr

lunedì 18 febbraio 2013

ALESSANDRO FONTANA, 1939 - 2013


ALESSANDRO FONTANA 

1939 - 2013





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Alessandro Fontana a été professeur  émérite d’études italiennes à l’École Normale Supérieure des Lettres et Sciences Humaines de Lyon et l’auteur de nombreux essais qu’il a en partie recueillis dans Il vizio occulto (1989) et La polizia dell’anima (1990). Il a collaboré avec François Furet (Livre et société au XVIIIe siècle, 1970) et Michel Foucault (Moi, Pierre Rivière, 1973). Il a participé à la Storia d’Italia Einaudi (La scena, 1972), à l’Enciclopedia Einaudi et à la Letteratura Italiana Einaudi (Piazza, corte, salotto e caffè, 1986). À l’occasion du bicentenaire de la chute de la République de Venise, il a dirigé l’ouvrage collectif Venise 1297-1797. La république des castors (ENS Éditions, 1997), ainsi que le recueil Venise et la Révolution Française (Éditions Laffont, 1997); il dirigéait avec François Ewald la publications des Cours au Collège de France (Gallimard - Le Seuil) de Michel Foucault, dont il a été ami et collaborateur.