mercoledì 29 febbraio 2012

Jean Allouch - Il volto nel Figlio di Dio


Jean Allouch / Sul concetto di volto nel Figlio de Dio  
Sul concetto di volto nel Figlio di Dio 
Paris, octobre novembre 2011 

L’artiste spécialement invité l’été 2011 au festival d’Avignon était le metteur en 
scène et plasticien Romeo Castellucci, un Italien dont un des deux spectacles présentés 
s’intitule Sul concetto di volto nel Figlio di Dio (« Sur le concept du visage du Fils de 
Dieu »). Fin octobre, le spectacle fut repris à Paris par le Théâtre de la Ville, où j’ai pu y 
assister. Si, en Avignon, certains crièrent à l’escroquerie, d’autres au sublime, si 
d’autres se battirent à la sortie, si d’autres encore hésitèrent entre l’atroce et le 
merveilleux, ou les deux, à Paris on a parlé d’« événements graves ». Je les qualifierai 
plutôt de réjouissants, car depuis Genet et ses Paravents, je n’étais plus jamais entré 
dans un théâtre en devant franchir un cordon de CRS. Ce n’est certes pas cela qui est 
réjouissant, mais le fait qu’à la différence de ce qui s’est passé partout ailleurs où la 
pièce fut présentée, à Paris, les réactions ont pris une dimension politique, culturelle 
et... cultuelle. Une demande d’interdiction du spectacle a été déboutée par le Tribunal 
de grande instance, des manifestants sont montés sur scène, y déployant un panneau où 
l’on lisait LA CHRISTIANOPHOBIE1, ÇA SUFFIT, avant que la police ne les en déloge. On a 
voulu empêcher les spectateurs d’entrer en les agressant, en les aspergeant d’huile de 
vidange, en jetant sur eux des œufs et des boules puantes – sans doute sans prendre 
garde que ce dernier geste était parfaitement conforme à ce qui allait se passer dans la 
salle, et sans se souvenir que déjà au Moyen-Âge les prêtres partaient en guerre contre 
les peintures du Christ. On a, bien sûr, pétitionné là contre, dénoncé le « fanatisme », les 
« ennemis des Lumières et de la liberté ». Comme avec Théorème de Pasolini, l’Église 
fut divisée en « pour » et « contre ». Et comme avec Théorème, il s’agit, au dire même 
de Castellucci, d’une « parabole » qui donc laisse à chacun des spectateurs le soin d’en 
                                                
 « Christianophobie », qui va avec « islamophobie », ne fut pas un terme inventé pour l’occasion, il 
résonne aussi dans l’entourage du pape (voir « Les croyants en lutte contre le “rejet” des religions », Le 
Monde du 4 novembre 2011). Les mêmes qui dénoncent l’atteinte à la liberté d’expression forceraient-ils 
l’entrée d’une mosquée chaussures aux pieds ? On mesure par là qu’il y a maldonne, car le combat entre 
ceux qui ne veulent pas que l’on porte atteinte au sacré (le séparé, ce que l’on ne peut toucher sans le 
souiller) et ceux qui veulent qu’aucune thématique ne soit exclue d’un traitement par l’art, et pour qui 
donc rien ne serait sacré, cet affrontement ne concerne ni Pasolini ni Castellucci, lesquels 1) ne doutent 
pas qu’il y a bien du séparé, du sacré et 2) y touchent. C’est même ce qui les occupe. 

J. Allouch / Jean Allouch / Sul concetto di volto nel Figlio de Dio  
déterminer le sens. En attendant qu’il médite, le spectateur est touché au corps. En 
Avignon, Gianni Plazzi, un vieux comédien, a pleuré deux heures à la fin du spectacle. 
Au fond de la scène, peint par Antonello da Messina (1430-1479), le visage du 
Christ, immense. Le voici, tout d’abord avec le père qui ne contrôle plus ses sphincters 
et porte donc une couche culotte, puis avec le fils (l’un et l’autre sans majuscules). Puis 
seul, après que père et fils ont quitté la scène et juste avant qu’un « not » non pas 
illuminé, lui, mais grisé introduise un doute quant au statut du Christ comme berger. 



J. Allouch / Jean Allouch / Sul concetto di volto nel Figlio de Dio 

Au bas de cette dernière image extraite du spectacle en Avignon, on aperçoit un 
groupe d’enfants qui, renseignement pris (car ils ne figurent pas dans la représentation à 
Paris, après avoir été une première fois écartés par le directeur du théâtre qui accueillit 
la pièce à Madrid), jettent des grenades explosives en jouets au visage du Christ. Selon 
Castellucci, il s’agissait de faire mourir l’image du Christ afin de laisser place à la 
parole2, ou encore d’une « nouvelle et  nécessaire [je souligne] forme de Passion3 ». 
Dans une première scène, le fils tente, en temps réel, et ce plan séquence est 
théâtralement très long, de faire à plusieurs reprises ce qui convient avec les excréments 
de son très vieux père pris de dysenterie (on songe à Fliess, à qui Freud faisait parvenir 
sa « δρεκκologie ») ; en vain : ses excréments se répandent sur la scène aussi blanche et 
propre qu’une clinique, au salon, puis aux pieds de la table, puis sur le lit (sur lequel le 
père, cette fois décidément actif, vide son pot de chambre), et bientôt également dans la 
salle du théâtre, sous la forme d’odeurs pestilentielles dont on ne sait pas si elles sont 
dues à des boules puantes ou bien à des hallucinations olfactives (une petite enquête 
post-spectacle révèle qu’il s’agit de produits chimiques). À un certain moment, le fils 
puis le père ayant définitivement quitté la scène, le visage du Christ, après avoir été 
couvert d’un voile noir, laisse place à un trou, où les spectateurs peuvent se mirer, un 
                                                
 Compte rendu de la rencontre publique avec « Les amis du festival » (18 juillet 2011). 

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peu comme ce dieu tout au fond du temple shinto d’Itsukushima qui, quand on 
l’approche en traversant plusieurs salles, se révèle n’être rien d’autre qu’un miroir. 
De même que pour chacun des personnages de Théorème aimés par le visiteur, 
le fils est amené à renoncer au monde extérieur. Et c’est à quoi, autre point commun 
avec Théorème, le spectateur est lui aussi convié, Castellucci jouant de l’identification 
du spectateur au fils. Castellucci radicalise Pasolini, car ce n’est plus un personnage, un 
dieu garçon, qui ouvre au spectateur le chemin d’une contemporaine spiritualité, d’un 
certain sacré qui ne peut être accueilli par chacun et chez chacun qu’en revisitant le 
christianisme, mais un objet et carrément un objet a : la merde du père. Sa perte 
manifeste l’indignité du père (glissement de l’agnus dei à l’anus dei). Castellucci : 
« Chacun est seul avec la merde, et celle de l’autre devient la nôtre parce qu’elle 
représente un lien avec l’autre4. » Quel lien ? En perdant sa merde, le père perd sa 
substance. Et c’est donc avec cette « perte de soi » que Castellucci questionne l’amour 
d’une façon qui fait s’éveiller un instant Jacques Lacan dans sa tombe : « Je voulais 
comprendre l’amour à la lumière de cette condition de perte. » Voilà l’amour au temps 
de l’objet a. Le voile noir qui couvre le visage du Christ à la fin du spectacle signe le 
retrait de Dieu, comme chez Pasolini et Marion, mais d’un Dieu qui, ici, a été fait regard 
(regard regardant le regard du spectateur, et c’est d’emblée la fin du voyeurisme). 
Castellucci joue de la connivence du regard et de la merde, fait du regard de Dieu un 
regard dont, comme le fils et avec lui, on se détourne, car il est advenu comme merde. 
You are not my sheperd. Le temps du berger est révolu, sa bienveillance était due à un 
regard dégoûtant. Castelluci met chacun en position de ne plus désormais ne pas le 
savoir (ce qui, sinon justifie, du moins dit la raison de la colère « intégriste »). Un pas 
est franchi de Pasolini à Castellucci, du Dieu garçon qui se retire au Dieu merde qui, lui 
aussi, disparaît mais, cette fois, sans se contenter de s’éloigner. Telle est l’actualité du 
visage du Christ, à Paris, fin octobre 2011. 
Je n’ai lu nulle part le rapprochement que je viens de dire entre Pasolini et 
Castellucci. Il ne tient pourtant pas seulement à leur italianité et à la ville de Bologne, si 
importante pour chacun d’eux, car il est plus que suggéré, il est parfaitement indiqué par 
                                                                                                                                          
 Extrait du document distribué au festival d’Avignon. 
 Ibid. 

J. Allouch / Jean Allouch / Sul concetto di volto nel Figlio de Dio 
Castellucci au tout début de son spectacle Inferno5. Viennent au devant de la scène, 
heureusement tenus en laisse chacun par un maître, une dizaine de chiens-loups aboyant 
furieusement. Puis un personnage, qui s’avance seul et déclare, debout : « Je m’appelle 
Romeo Castellucci ». C’est bien lui, le metteur en scène, à cet instant acteur. Il revêt 
alors un costume étrangement épais et que l’on découvre protecteur à l’instant où, 
lâchés, deux chiens féroces se précipitent sur lui pour le mordre furieusement. Ce n’est 
pas du chiqué, ses mains et son visage restent exposés. 

On ne peut pas ne pas songer à la mort de Pasolini, à ce crime sans témoins et 
dont les versions restent divergentes. Ce que l’œil n’a pas vu, le cœur l’ignore. Cette 
fois... on voit, on a peur, on est Castellucci, on est Pasolini. Inferno , même en DVD, est 
une expérience de la perte de soi. 

                                                
 Arte édition a produit un DVD des trois spectacles Inferno, Purgatorio, Paradiso. 


JeanAllouch.com

Luc Boltanski - ÉNIGMES ET COMPLOTS, Une enquête à propos d'enquêtes - Gallimard, Fr, 2012


Luc Boltanski


ÉNIGMES ET COMPLOTS,
Une enquête à propos d'enquêtes


Gallimard  2012
  
Au tournant des XIXe et XXe siècles, on observe tour à tour le développement du roman policier, dont le cœur est l'enquête, et du roman d'espionnage, qui a pour sujet le complot  ; l'invention, par la psychiatrie, de la paranoïa, dont l'un des symptômes est la tendance à entreprendre des enquêtes prolongées jusqu'au délire  ; la création par la sociologie de formes spécifiques de causalité – dites sociales –, pour déterminer les entités, individuelles ou collectives, auxquelles peuvent être attribués les événements qui ponctuent la vie des personnes, celle des groupes, ou encore le cours de l'histoire  ; enfin, l'orientation nouvelle de la science politique qui, se saisissant de la problématique de la paranoïa, la déplace du plan psychique au plan social et prend pour objet l'explication des événemenst historiques par les « théories du complot ».
Dans chacun de ces cas, la réalité sociale est mise en doute. C'est à l'État-nation, tel qu'il se développe à la fin du XIX
e siècle, que l'on doit le projet d'organiser et d'unifier cette réalité pour une population et sur un territoire. Mais ce projet, proprement démiurgiques, se heurte à une pluralité d'obstacles parmi lesquels les développements du capitalisme, qui se joue des frontières nationales, occupe une place centrale.
Ainsi, la figure du complot focalise des soupçons qui concernent l'exercice du pouvoir : où se trouve réellement le pouvoir et qui le détient, en réalité ? Les autorités étatiques, qui sont censées en assumer la charge, ou d'autres instances, agissant dans l'ombre – banquiers, anarchistes, sociétés secrètes, classe dominante, etc. ? Ainsi s'échafaudent des ontologies politiques qui tablent sur une réalité doublement distribuée : à une réalité officielle, mais de surface et sans doute illusoire, s'oppose une réalité profonde, cachée, menaçante, officieuse, mais bien plus réelle. Roman policier et roman d'espionnage, paranoïa et sociologie – inventions à peu près concomittantes – sont solidaires d'une façon nouvelle de problématiser la réalité et de travailler les contradictions qui l'habitent. Les aventures du conflit entre ces deux réalités – réalité de surface contre réalité réelle – constituent le fil directeur de l'ouvrage.


Oriental despotism and the political monsters of Michel Foucault’s Les anormaux - David J McInerney - Lecture @ UniSA, Aus, 2009


Oriental despotism and the political monsters of Michel Foucault’s Les anormaux
David J McInerney

Abstract
On 29 January 1975 Foucault spoke of two political monsters in revolutionary France: one of them incestuous (the king), the other cannibalistic (the crowd). The figure of the despot constitutes a norm of political conduct, if we understand the ‘normal’ as constituted in its relation to its spectral, abnormal ‘others’. In 1959 Foucault’s tutor Louis Althusser had suggested that the ‘oriental despot’ was a spectre [épouvantail] constitutive of western political thought. Foucault’s lecture, on the other hand, discussed how the despot and the rebellious people became political monsters during the French Revolution. This paper considers the oversight of Foucault’s work relative to Asia and extends his account of political monstrosity through an analysis of how James Mill articulated his political theory in The history of British India (1858) around the thesis that ‘the fear of insurrection’ constitutes the necessary impetus for the movement from ‘semi-barbarous’ to ‘civilised’ society.



Michel Foucault devoted much of his lecture of 29 January 1975 to discussing what he called ‘the first political monster’: the despot. For those of us studying the history of European discourses on Asia the word ‘despot’ is intimately associated with the word ‘oriental’ and, very often, with the writings of Montesquieu and James Mill. Does this lecture contain some special treasure, some uniquely Foucauldian account of the history of the uses of ‘oriental despotism’ within European histories of Asia and modern political thought?
The potential uses of Foucault’s lecture on political monsters are difficult to assess here, but from previous discussions of Foucault’s ‘Eurocentrism’ we might anticipate some likely inadequacies of it as an account of oriental despotism. As Edward Said notes, ‘the imperial experience is quite irrelevant’ for Foucault; we should also note, however, Said’s claim that this ‘theoretical oversight’ is the norm in the academic discipline of intellectual history (Said 1993, p. 47).
This lecture might be said to confirm Said’s reading of Foucault, as even the closest reading of it fails to discover even a single reference to Asia. Indeed, from Foucault’s account, you might almost believe that the ‘despot’ emerged ex nihilio within Jacobin pamphlets condemning Louis XVI and Marie Antoinette, while, similarly, another political monster – ‘the rebellious people’ – seems to have emerged in aristocratic reactions to the September massacres of 1792 (Foucault 2003, pp. 98–99). Furthermore, while Foucault refers to the ‘reactivation’ and ‘revival’ of ‘ancient themes’ in this discourse of the ‘despot’ he never discusses the ‘oriental’ in relation to that discourse, despite the fact that even the most cursory glance at the eighteenth-century discourse on ‘despotism’ discovers that Foucault’s political monster first appeared in literature on the East, and prominent writers such as Montesquieu were deploying the monstrous figure of the ‘oriental despot’ as early as 1721, drawing upon travel accounts from the sixteenth century and a tradition in political philosophy extending back as far as Aristotle (Rubiés 2005; Grosrichard 1998). In this light, Foucault’s suggestion that the themes of revolutionary and reactionary discourses on political monsters in late eighteenth-century France ‘reactivate ancient themes’ seems to entail an especially symptomatic ‘oversight’ relative to the conjuncture immediately preceding it. This oversight should not, however, lead us to consider Foucault’s conceptual apparatus as necessarily inadequate for such an analysis, or to attribute this to a ‘state of mind’ or ‘intention’ on Foucault’s part; it is quite possible, on the contrary, to see this as symptomatic
of Foucault’s positioning within his own conjuncture, and the seeming ‘irrelevance’ of such issues to his audience, as a recent essay by Amit S Rai (2004) demonstrates the potential for applying Foucault’s concept of monstrosity to oriental despotism. (...)

James D. Faubion - An Anthropology of Ethics - Cambridge University Press, Uk, 2011





An Anthropology of Ethics

Cambridge University Press, 2011

Through an ambitious and critical revision of Michel Foucault's investigation of ethics, 
James Faubion develops an original program of empirical inquiry into the ethical domain. 
From an anthropological perspective, Faubion argues that Foucault's specification of the 
analytical parameters of this domain is the most productive point of departure in
 conceptualizing its distinctive features. He further argues that Foucault's framework 
is in need of substantial revision to be of genuinely anthropological scope. In making 
this revision, Faubion illustrates his program with two extended case studies: one of a 
Portuguese marquis and the other of a dual subject made up of the author and a millenarian 
prophetess. The result is a conceptual apparatus that is able to accommodate ethical pluralism 
and yield an account of the limits of ethical variation, providing a novel resolution of the problem 
of relativism that has haunted anthropological inquiry into ethics since its inception.

James D. Faubion is Professor of Anthropology and Director of Graduate Studies at Rice University. 
In addition to ethics, his interests include epistemic authority, kinship, social and cultural theory, 
aesthetics, heterodoxy and radicalism. He has published widely on research interests, 
including The Shadows and Lights of Waco: Millennialism Today (2001), and two edited volumes 
of Essential Works of Michel Foucault (1998 and 2000).





Paul Jorion - Un disastro annunciato @ Paul Jorion blog - 15.01.2012


Paul Jorion “2011: CRONACA DI UN DISASTRO ANNUNCIATO” (15 gennaio 2012)
(articolo originale pubblicato nella rivista L’ENA hors-les-murs, N°417: 32-33 
e nel blog di Paul Jorion: http://www.pauljorion.com/blog/?p=34520)
Commiseriamo, fra i politici, i funzionari ed i finanzieri, coloro che sono convinti di aver dato il massimo, di avere speso il meglio di sé stessi per cambiare la faccia del mondo nel 2011: i loro sforzi non sono serviti a nulla. Peggio: è come se non fossero mai stati fatti.
Infatti, lo sgretolamento della finanza è continuato in maniera inesorabile durante l’anno trascorso, seguendo la china di una lunga e penosa deteriorazione, già prevedibile nel 2010, e a dire il vero già nel 2008, all’indomani della rovina della banca d’investimenti americana Lehman Brothers; rovina che costò, per fermare l’emorragia occasionata, più di un “trilione” di dollari. Ciascuno dei combattenti ha rallentato il passo con un ardore tale – per alcuni nella folle speranza che le cose si sarebbero sistemate da sole – che ciascuna delle battaglie finanziarie ed economiche del 2011 ha avuto luogo con una guerra di ritardo.
La presenza di autentici uomini o donne di Stato sul palcoscenico della storia – quali un Franklin D. Roosevelt negli anni 1930 – avrebbe potuto forse fare la differenza? È difficile pronunciarsi con certezza: non si può escludere che la personalità scialba della maggior parte degli uomini e delle donne ai comandi nel 2011 sia stata ininfluente: forse era ad ogni modo troppo tardi, forse non era più possibile per nessuno rovesciare il corso degli eventi. Sarà questa, a posteriori, la nostra unica consolazione.
Il sistema di divisione della ricchezza creata nelle nostre società è squilibrato: sta scritto nella sua logica che il capitalista, il detentore di capitale, sia servito per primo, mentre il dirigente di una grande impresa giunge in secondo luogo, l’invenzione delle stock-options avendo permesso di fare di quest’ultimo quasi un primo ex-aequo, ed i salariati, per parte loro, si devono accontentare di ciò che resta.
Poiché questi ultimi erano le cenerentole della ridistribuzione, il potere d’acquisto stagnò, mentre, per contro, i dividendi attribuiti agli azionisti e la rimunerazione (salarii, bonus e stock-options) dei dirigenti delle grandi imprese crescevano in proporzione – e anche più – dei guadagni di produttività dovuti all’informatizzazione e all’automatizzazione. Fu calcolato che negli Stati Uniti, nel 2011, 80% della ricchezza creata durante i tre anni precedenti si era ritrovata nelle mani dell’1% più ricco della nazione, già detentore all’inizio di quel periodo di quasi un terzo del patrimonio. “Siamo i 99%!”, scandivano nell’autunno 2011 i manifestanti del movimento “Occupy Wall Street”, seguendo l’esempio del movimento della piazza Tahrir al Cairo o quello degli Indignados de la Puerta del Sol a Madrid, che l’avevano preceduto nel corso dello stesso anno.
Se il credito si era sviluppato così tanto, ciò mirava precisamente a mascherare il fatto che il potere d’acquisto stagnava mentre il volume delle merci da vendere non smetteva di crescere. In questa maniera, delle catene di crédito sempre più lunghe e sempre più ramificate si erano formate, provocando un crescente infragilimento dei nostri apparati finanziario ed economico.
La mancanza di risorse laddove normalmente sono necessarie, dà luogo al versamento di interessi, incoraggiando così ancora di più la concentrazione delle ricchezze. La quale ha raggiunto il culmine negli Stati Uniti, una prima volta nel 1929 e una seconda nel 2007. La macchina economica si è incceppata in entrambi i casi in quanto – visto che il riperimento di una qualsivoglia somma per la produzione o il consumo dà luogo al versamento di interessi – il numero di mani fra le quali si ritrova la ricchezza non la smette di diminuire.
A causa del calo del potere di acquisto, gran parte dei capitali disponibili non riuscivano più ad investirsi nella produzione, poiché quest’ultima avrebbe in tal caso superato la domanda, e non avevano nessuno sfogo al di fuori delle attività speculative, fattore di squilibrio dei mercati poiché queste ultime incoraggiavano le variazioni di prezzo, o al rialzo o al ribasso, a seconda della direzione in cui si sviluppa puntualmente una tendenza.
Qualunque cosa potesse ormai accadere, il rischio sistemico incancreniva sempre più l’apparato finanziario nel suo insieme.
Marx aveva dunque ragione, lui per il quale le debolezze del capitalismo erano patenti, nel vedere in queste ultime l’elemento che lo avrebbe condotto ineluttabilmente alla fine. Anche se il crollo non avrebbe preso la forma esatta che egli aveva previsto, quella di un calo tendenziale del tasso di profitto.
Per quale ragione la caduta della zona euro sembrò seguire, nel 2011, un andamento così inesorabile? Da una parte, fu perché era stata iscritta nella sua stessa costruzione, essendo stato il federalismo fiscale, necessario al funzionamento di una moneta associata ad una zona economica, considerato come una quantità trascurabile dai fondatori. D’altra parte, fu perché le poche misure che furono prese a partire dal 2008 non arginarono la decomposizione; al contrario, la precipitarono, par la semplice ragione che non erano veramente destinate ad essere correttive, ma miravano in realtà a portare a termine, a tappe forzate, l’edificazione del programma ultra-liberale che si era avviato negli anni 1970, malgrado il fatto che l’esistenza del suo presupposto fondatore, l’auto-regolazione (giustificante la sregolamentazione e le privatizzazioni), fosse stata negata dai fatti, sin dai primi giorni della crisi nel 2007.
All’inizio della spedizione la cordata euro era composta da diciassette nazioni. Quando cominciò il 2011, due dei suoi membri, la Grecia e l’Irlanda, penzolavano già nel vuoto. Il Portogallo raggiunse rapidamente i loro ranghi. Ne rimanevano quattordici ad inarcarsi per sostenere il peso degli altri tre. Col trascorrere dei mesi, le agenzie di notazione fecero pazientemente la conta delle forze declinanti di quelli che ancora non avevano perso piede. Alla fine dell’anno fu il turno dell’Italia e della Spagna, i cui tassi reclamati dagli eventuali prestatori per delle obbligazioni di maturità dieci anni superarono l’insostenibile livello del 6,5%. Se questi due avessero finito col cadere, sarebbe stata la fine della zona euro, la forza congiunta dei restanti membri della cordata essendo nettamente insufficiente a sostenere quelli che erano già caduti.
Ad una lenta e inesorabile degradazione della zona euro da una parte, rispondeva dall’altra il debito pubblico americano, il cui tetto dovette essere rialzato, avendo esso raggiunto la soglia legale. Il dibattito sulla questione mise in evidenza una polarizzazione inedita del mondo politico e finì col registrare una convergenza inattesa di Barack Obama su alcune delle tesi più estreme del partito repubblicano: quelle difese dalla corrente Tea Party, convergenza che avrebbe demoralizzato una parte sostanziale dell’elettorato del presidente americano. L’accordo passato per il rotto della cuffia al limite della scadenza iniziale del 2 agosto, consisteva essenzialmente nel rinviare la soluzione dei problemi alla fine del mese di novembre, epoca in cui, come prima, nessuna soluzione poté essere trovata; il che fece scattare in agosto l’applicazione meccanica di un certo numero di misure previste a minimo, e che colpiranno, essenzialmente a partire dal 2013, l’industria degli armamenti, le compagnie farmaceutiche e il settore ospedaliero privato.
I rimedi conosciuti contro la concentrazione delle ricchezze sono poco numerosi. Il più ragionevole, quello di una redistribuzione pacifica del patrimonio troppo concentrato, è certamente quello meno praticato a livello della storia. La rivoluzione confisca ed espropria per ridistribuire; ma poiché evita di affrontare le vere cause della concentrazione delle ricchezze, tende a sostituire rapidamente l’antica aristocrazia con un’altra, fondata su un nuovo principio: il denaro al posto della terra, per prendere un esempio. Infine, la guerra, che distrugge tutto, ridistribuisce provvisoriamente il patrimonio tramite un forte livellamento dal basso. È lei che offre la soluzione più comoda, poiché non esige alcuna autocritica da parte di chicchessia e permette invece a ciascuno di esonerarsi dalle proprie colpe designando un colpevole, che si trova, e questo è molto pratico, in un altro posto. Siria, Iran, Pakistan? Non mancano candidati all’appello per il 2012.
L’uomo dell’anno fu senza dubbio il primo ministro greco Georges Papandreu che, a conclusione di un’interminabile maratona, dopo aver ottenuto dai suoi partner all’interno della zona euro un accordo relativo alla ristrutturazione del debito del suo paese, ricordava loro i principii democratici decidendo, cinque giorni dopo, che il popolo greco avrebbe interinato questo accordo per via di referendum. Un tale cumulo di notizie contraddittorie creava lo sgomento nelle capitali europee. Papandreu dovette fare rapidamente marcia indietro. Il mercato dei capitali dirigeva ormai il mondo e le velleità di coraggio politico ebbero vita breve nel 2011 di fronte al suo realismo crudele.
(tradotto dal francese da Alessio Moretti)

Vladimir Jankélévitch - Da qualche parte nell'incompiuto - Einaudi, It, 2012



 






Einaudi 2012
A cura di Enrica Lisciani Petrini

Mai come nelle interviste da cui nasce 
questo testo, Vladimir Jankélévitch ci 
conduce al cuore segreto del suo pensiero.

Jean-Claude Polack - L'obscur objet du cinéma: réflexion d'un psychanalyste cinéphile - Campagne Première, Fr, 2009


Jean-Claude Polack


L'obscur objet du cinéma: réflexion d'un psychanalyste cinéphile

Campagne Première  2009


Psychanalyste et cinéphile,l’auteur se propose, sous la forme d’essais, de souvenirs et de rêves, de rendre compte des affinités du langage cinématographique avec les productions de l’Inconscient. Ses réflexions sur quelques films qui l’ont particulièrement touché, veulent déborder les cadres usuels de la critique freudienne, généralement confinée à l’interprétation œdipienne et signifiante d’un récit.
Les textes ici rebroussent chemin vers l’image, le son,le mouvement et la durée ; et cherchent, au-delà des constructions narratives, les repères incertains mais intenses des perceptions et des affects.
Les souvenirs, l’enfance, les violences agies ou pensées, les fantasmes et les rêves doivent s’engager plus loin dans une autre « voie royale » de l’Inconscient, celle des psychoses, et montrer comment ces folies, individuelles ou collectives, tissent leurs liens avec les sociétés, la politique et l’histoire.
Bunuel, Cassavetes, Chaplin, Chabrol, Fellini, Grandrieux, Haneke, Hitchcock, Kubrick, Lynch, Tarkowski et Von Trier, parmi d’autres, sont tour à tour convoqués comme témoins d’une investigation secrète et tenace de l’obscur objet du cinéma : le Désir en effet, dans ses multiplicités.


Jean-Claude Polack est psychiatre, psychanalyste. Il a travaillé une douzaine d’années à la clinique de La Borde (fondée par Jean Oury), creuset – après Saint-Alban – de la « psychothérapie institutionnelle ». Il est membre d’un collectif de médecins et d’analystes à Paris, et directeur de la revue Chimères, fondée en 1987 par Gilles Deleuze et Félix Guattari.
Il a publié, La médecine du Capital, Paris, Maspero, 1971 ; La Borde ou le droit à la folie, Paris, Calmann-Lévy, 1976 ; l’Intime utopie, Paris, PUF, 1991 ; (avec Danielle Sivadon) Epreuves de la Folie, Erès, 2006.

... la politique plus vivement


Jean-Claude 
Polack

“Introduire 
la politique 
plus vivement” 

 Chantier. De mai 68 à...

Passer à « l’ennemi » 

Quand entrez-vous dans le militantisme ? 
Au cours de mes études. Mais mon engagement politique est 
complètement pris dans mon histoire familiale. Ma mère et 
mon père étaient des juifs polonais. Ils étaient nés tous les deux 
à Lodz. Ils s’y sont connus très jeunes et ils ont fait partie des 
jeunesses communistes, ce qui en Pologne, à cette époque-là, 
était osé et assez dangereux. C’est d’ailleurs l’une des raisons 
pour lesquelles ils ont quitté très tôt la Pologne. Mon père a été 
étudiant en médecine à Strasbourg et il est devenu français. Ma 
mère est venue quelque temps après ; elle n’étudiait pas, elle 
était presque trop jeune pour cela. Elle est arrivée avec sa 
meilleure amie, Bianca Zazzo, la femme du psychologue pour 
enfants René Zazzo. Elle a été très tôt militante, faisant partie 
de groupes qui soutenaient les républicains espagnols, etc. 
Mon père est mort quand j’avais trois ans; on a alors quitté la
France, ma mère et moi, à cause de tous les dangers qui la 
menaçaient en tant que Polonaise juive et communiste. Elle a 
décidé de partir et on a suivi cette filière, assez connue 
d’ailleurs, qui passait par Marseille puis par la frontière avec 
l’Espagne, Barcelone, etc. Filière qu’a empruntée Walter 
Benjamin, avant de se suicider quand il apprend qu’il ne pour- 
ra finalement pas trouver asile en Espagne. 
J’ai donc vécu très tôt dans un climat d’engagement politique. 
Pendant la Seconde Guerre mondiale, nous nous sommes, ma 
mère et moi, réfugiés en Amérique latine ; d’abord en Jamaïque 
et puis à Cuba, précisément. À notre retour, en 46, ma mère me 
met sans hésitation chez les Vaillants, les petits scouts commu- 
nistes de l’époque ; staliniens, quoi. J’étais très content de faire 
ça. Et puis ma mère a assez vite changé d’opinion au contact de 
ses amis, de Sartre aussi. Ensuite j’ai été aux jeunesses commu- 
nistes révolutionnaires – ça ne s’appelait pas comme ça à 
l’époque mais je ne me souviens plus du nom. Je ne suis rentré 
au Parti que beaucoup plus tard, après la guerre d’Algérie. Le 
début de mes études coïncide d’ailleurs avec elle ; je commence 
médecine en 54 et je termine en 62, ce sont exactement les huit 
années de guerre. Là, je suis rentré à fond dans l’opposition, 
pour l’indépendance algérienne et la décolonisation entière et 
sans ambiguïtés. 
À ce moment-là, j’étais plutôt dans tous les mouvements, dis- 
ons, parallèles au PC, qui n’étaient pas anti-communistes, mais 
pas communistes non plus, qui n’acceptaient pas d’entrer dans 
le PC tel qu’il était. On a eu toutes sortes de tentations d’aller 
dans des formations trotskistes, etc. Mais, pendant toute la 
durée de la guerre, l’activité politique se concentre en réalité 
dans l’Unef, qui à l’époque est un vrai mouvement politique, un 
vrai syndicat, assez puissant et très actif. Je pense que les étu- 
diants n’avaient pas envie d’aller à la guerre, donc ils se sont 
foutus à fond là-dedans. L’association des étudiants en...

http://www.la-parole-errante.org/fichiers/Expo68/chantierpolack.pdf


Né en 1936, Jean-Claude Polack est psychiatre et psychanalyste. Il a travaillé à
 la clinique de La Borde, de 1964 à 1976. Avec François Pain et Danièle Sivadon, 
il a coréalisé François Tosquelles, une politique de la folie" (Edition La Sept-Arte 
- 1989), un film témoignant de l'engagement de ce célèbre psychiatre catalan, 
inspirateur de la psychothérapie institutionnelle. Jean-Claude Polack est aujourd'hui 
directeur de la revue Chimères, fondée en 1987 par Gilles Deleuze et Félix Guattari.