Colloque international
Foucault / Wittgenstein : subjectivité et politique
vendredi 7 & samedi 8 juin 2013
9h30 - 18h
9h30 - 18h
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris
salle Cavaillès (1er étage, esc. C)
17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris
salle Cavaillès (1er étage, esc. C)
Programme détaillé en pièce jointe.
Argumentaire
À partir de deux traditions philosophiques distinctes, Michel Foucault et Ludwig Wittgenstein ont chacun proposé une critique radicale, non seulement du psychologisme, mais aussi de la notion classique d’une subjectivité souveraine comme du modèle afférent d’un sujet de l’action et du savoir transparent à soi-même. L’opposition de ces deux auteurs à une pensée d’obédience cartésienne-husserlienne offre ainsi une intersection entre philosophie dite « continentale » et philosophie analytique. Le combat engagé par Foucault (à la suite de Cavaillès et de Canguilhem) contre la « philosophie de l’expérience, du sens et du sujet » présente une analogie cruciale avec le projet wittgensteinien de dissolution de la mythologie des processus dits « mentaux », contre l’identification de l’esprit à une sphère privée, d’un genre spécifique.
Cette double critique du sujet souverain (et en particulier du « Je pense » cartésien entendu comme sujet de connaissance) n’invalide pourtant pas, chez les deux auteurs, l’impératif d’une enquête à propos des conditions de la subjectivité : une subjectivité inscrite dans le social et ses institutions, les rapports de pouvoir, les « formes de vie », les pratiques discursives, une communauté de langage. L’interrogation explicitement à l’œuvre, dans les derniers travaux de Foucault, à propos de l’expérience antique du « souci de soi » et de la parrêsia est à cet égard cruciale. Cet intérêt pour les techniques de soi et les processus de « subjectivation », dans la mesure où il ne renoue pas avec une philosophie de la conscience, peut en effet s’entendre en résonance avec l’effort toujours plus marqué, chez le dernier Wittgenstein, pour rendre compte d’une expérience en première personne aussi inéliminable qu’indescriptible au sens strict, dissociée comme telle de l’activité d’un sujet de la connaissance et de la représentation. Surtout, il fait signe vers une « insertion » possible de l’éthique dans la politique, précisément dans la mesure où le travail du sujet sur lui-même devient un point crucial de résistance et contre-conduite. Or cette dimension politique de la subjectivation n’est pas absente chez Wittgenstein : on peut songer tant au lien subjectivité-expressivité-communauté de langage qu’à la tâche (indissolublement éthique et politique) d’apprendre à voir ce qui est important mais qui, tout en étant sous nos yeux, n’est pas d’ordinaire remarqué.
Ce colloque a donc pour but, à travers la discussion et la confrontation des perspectives wittgensteinienne et foucaldienne, de mieux délimiter l’efficace persistante d’une pensée non psychologique et non « métaphysique » de la subjectivité, si décisive dans les débats contemporains autour de la reconnaissance et de la subjectivité constituée, ainsi que d’en mettre en lumière les conséquences sur les plans éthique et politique. Il ne saurait se réduire, toutefois, à un simple repérage des effets de résonance entre les approches de ces deux auteurs, mais s’attellera aussi à en explorer les divergences, dont l’analyse pourra se révéler féconde quant à la clarification des problèmes précédemment évoqués.
Pascale Gillot & Daniele Lorenzini
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