par Roddy. Reid
Je ne peux pas m’empêcher de penser au critique qui n’essayerait pas de juger mais mettrait au monde une œuvre, une phrase, une idée... Il multiplierait non pas le nombre de jugements mais les signes de l’existence ; il leur ferait appel, il les sortirait de leur sommeil.
Michel Foucault, Le philosophe masqué
Michel Foucault corrupteur de jeunesse ? intellectuel engagé des années 60 qui sombra dans un nihilisme totalitaire ? sadomasochiste invétéré qui paya de sa vie ses goûts pervers ? porteur volontaire du VIH et semeur de mort dans les bains ? Pour sommaires et grotesques qu’ils paraissent, tels sont les jugements qui circulent en Amérique depuis quelques années sur le compte du philosophe français et qui ont été relancés suite à la publication de la biographie The Passion of Michel Foucault en janvier 1993 [1]. Écrite par James Miller, ancien critique à Newsweek et enseignant à la New School for Social Research (New York), c’est la seule des trois biographies de Foucault parues en anglais en l’espace de trois ans qui ait retenu l’attention à la fois des universitaires et de la presse aux États-Unis et qui soit le sujet d’une controverse intense. Alors que les deux autres biographies - la traduction américaine de Michel Foucault par Didier Eribon du Nouvel Observateur et The Lives of Michel Foucault par l’universitaire anglais David Macey - ont été jusqu’ici l’objet d’articles critiques peu nombreux [2], le livre de Miller a été commenté dans les grands quotidiens comme le New York Times et le Boston Globe aussi bien que dans des hebdomadaires et des revues mensuelles qui représentent toute la gamme idéologique : Newsweek, The New Republic (néo-libérale et proche du Parti Démocrate) [3], The National Review (très conservatrice et proche du Parti Républicain), Dissent(revue social-démocrate), The New York Review of Books, Tikkun (revue de gauche juive), Artforum (revue d’art très suivie) etThe Chronicle of Higher Education (chronique quasi-officielle de la vie universitaire). En plus, à l’occasion de sa sortie, The Passion of Michel Foucault fut d’abord le sujet d’un numéro spécial de la revue social-démocrate Salmagundi (dont Miller est l’un des animateurs) et ensuite d’un colloque tenu en mai 1993 à l’Université de Californie à Berkeley qui réunit sur le plateau entre autres Eribon, Miller, le biographe Alexander Nehemas et Paul Rabinow, anthropologue et ancien collègue de Foucault à Berkeley.
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