mercoledì 29 febbraio 2012
Philippe Artières - 1968 Années Politiques - Editions Thierry Magnier, Fr, 2008
Philippe Artières
68 - Années Politiques
Editions Thierry Magnier 2008
Une décennie durant, entre 1966 et 1976, la société française est secouée par un mouvement inédit. Des milliers d'hommes et de femmes contestent l'ordre établi. La société en modifiant durablement son imaginaire, le politique devient l'affaire de tous... Et l'histoire de 68 court toujours...
La « commune étudiante » est la plupart du temps au coeur du récit de Mai 68.
Mais est-ce la meilleure façon de comprendre l'originalité et l'importance de ces événements dans notre culture politique ?
Philippe Artières a décidé de rompre avec cette narration classique en exposant quatre épisodes postérieurs à l'année 1968.
- 1er septembre 1969 : Gabrielle Russier, professeur de Lettres à Marseille, se donne la mort à la suite de sa condamnation pour avoir aimé l'un de ses étudiants mineurs.
La subversion de l'ordre sexuel, le féminisme, l'école repensée...
- 25 février 1972 : Pierre Overney, militant de la Gauche Prolétarienne est tué par un vigile de la Régie Renault à Boulogne-Billancourt (ce même vigile est assassiné par Action Directe le 24 mars 1977).
La classe ouvrière, le militantisme (l'établissement, les techniques de contestation, la grève en particulier), la violence politique (la lutte armée, la répression)...
- 9 mai 1970 : Manifestation parisienne contre la guerre au Vietnam.
La notion d'événement total, la manifestation, l'anti-impérialisme, une organisation politique d'extrême gauche où un lycéen côtoie intellectuels et étudiants...
- 25-26 août 1973 : La Marche du Larzac contre l'extension du camp militaire en soutien à des paysans menacés d'expropriation rassemble 80 000 personnes.
La marche comme technique de résistance (la nonviolence, les droits civiques), la vie communautaire, le retour à la terre...
À partir du récit de ces quatre moments, de ces petits théâtres, Philippe Artières propose un éclairage inédit, attractif et pédagogique sur 68, en donnant une place essentielle aux acteurs ordinaires, en les situant dans un contexte politique, culturel mais aussi matériel et en donnant pour chacun une archive.
Le croisement de ces trajectoires, de l'intime à l'international, de l'usine aux champs, fait apparaître peu à peu Mai 68 comme une configuration singulière de contestation générale.
C'est cette configuration qui se déploie bien au-delà de l'année 1968 et qui constituent ces « années politiques ».
Premières lignes : 1968 : années politiques.
Pourquoi avoir écrit 68 au pluriel ? Quand, jeunes étudiants, nous indiquions naïvement être nés en 1968, nos interlocuteurs prenaient alors un air entendu, auquel succédait l'inévitable mais rieur «évidemment ! » ; comme si ce nombre banal «soixante-huit», pas même inscrit dans les tables de multiplication, renfermait tel le nombre d'or un formidable pouvoir explicatif, comme si être de 68 expliquait tout : notre indignation, notre insolence, nos états d'âme.
Aussi ai-je toujours imaginé 68 comme un pays, un pays avec ses divers paysages, ses cours d'eau, son climat, ses habitants, sa langue, ses traditions ; mais un pays perdu.
Photographies, films, musiques, livres, journaux...
Nombreux étaient pourtant les vestiges de ce pays ; de ces traces, il y en avait beaucoup mais elles étaient pour nous complexes à déchiffrer ; nous ne connaissions ni le visage des acteurs qui figuraient sur les clichés, ni les lieux, moins encore les événements qui s'y déroulaient.
Car ce pays 68 était pour beaucoup d'entre nous lointain au point de nous demander parfois s'il n'avait jamais existé.
Du moins, si nous en étions véritablement originaires, nous l'avions quitté très jeunes ; de lui, il ne nous restait rien si ce n'est une sensation trouble qu'il nous arriva de ressentir lors d'une manifestation telle que celle de décembre 1986 contre le projet de loi Devaquet alors ministre de l'Education, celles de 1995 contre le plan Juppé, d'avril 2002 contre la présence du candidat d'extrême droite au second tour des élections présidentielles ou du printemps 2006 contre le Cpe.
Mais 68 était déjà devenu un pays honteux dont il ne fallait pas être; responsable de tous nos tracas ; un paysage qu'il fallait raser pour faire du neuf, du sérieux, du solide.
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