mercoledì 29 febbraio 2012

... la politique plus vivement


Jean-Claude 
Polack

“Introduire 
la politique 
plus vivement” 

 Chantier. De mai 68 à...

Passer à « l’ennemi » 

Quand entrez-vous dans le militantisme ? 
Au cours de mes études. Mais mon engagement politique est 
complètement pris dans mon histoire familiale. Ma mère et 
mon père étaient des juifs polonais. Ils étaient nés tous les deux 
à Lodz. Ils s’y sont connus très jeunes et ils ont fait partie des 
jeunesses communistes, ce qui en Pologne, à cette époque-là, 
était osé et assez dangereux. C’est d’ailleurs l’une des raisons 
pour lesquelles ils ont quitté très tôt la Pologne. Mon père a été 
étudiant en médecine à Strasbourg et il est devenu français. Ma 
mère est venue quelque temps après ; elle n’étudiait pas, elle 
était presque trop jeune pour cela. Elle est arrivée avec sa 
meilleure amie, Bianca Zazzo, la femme du psychologue pour 
enfants René Zazzo. Elle a été très tôt militante, faisant partie 
de groupes qui soutenaient les républicains espagnols, etc. 
Mon père est mort quand j’avais trois ans; on a alors quitté la
France, ma mère et moi, à cause de tous les dangers qui la 
menaçaient en tant que Polonaise juive et communiste. Elle a 
décidé de partir et on a suivi cette filière, assez connue 
d’ailleurs, qui passait par Marseille puis par la frontière avec 
l’Espagne, Barcelone, etc. Filière qu’a empruntée Walter 
Benjamin, avant de se suicider quand il apprend qu’il ne pour- 
ra finalement pas trouver asile en Espagne. 
J’ai donc vécu très tôt dans un climat d’engagement politique. 
Pendant la Seconde Guerre mondiale, nous nous sommes, ma 
mère et moi, réfugiés en Amérique latine ; d’abord en Jamaïque 
et puis à Cuba, précisément. À notre retour, en 46, ma mère me 
met sans hésitation chez les Vaillants, les petits scouts commu- 
nistes de l’époque ; staliniens, quoi. J’étais très content de faire 
ça. Et puis ma mère a assez vite changé d’opinion au contact de 
ses amis, de Sartre aussi. Ensuite j’ai été aux jeunesses commu- 
nistes révolutionnaires – ça ne s’appelait pas comme ça à 
l’époque mais je ne me souviens plus du nom. Je ne suis rentré 
au Parti que beaucoup plus tard, après la guerre d’Algérie. Le 
début de mes études coïncide d’ailleurs avec elle ; je commence 
médecine en 54 et je termine en 62, ce sont exactement les huit 
années de guerre. Là, je suis rentré à fond dans l’opposition, 
pour l’indépendance algérienne et la décolonisation entière et 
sans ambiguïtés. 
À ce moment-là, j’étais plutôt dans tous les mouvements, dis- 
ons, parallèles au PC, qui n’étaient pas anti-communistes, mais 
pas communistes non plus, qui n’acceptaient pas d’entrer dans 
le PC tel qu’il était. On a eu toutes sortes de tentations d’aller 
dans des formations trotskistes, etc. Mais, pendant toute la 
durée de la guerre, l’activité politique se concentre en réalité 
dans l’Unef, qui à l’époque est un vrai mouvement politique, un 
vrai syndicat, assez puissant et très actif. Je pense que les étu- 
diants n’avaient pas envie d’aller à la guerre, donc ils se sont 
foutus à fond là-dedans. L’association des étudiants en...

http://www.la-parole-errante.org/fichiers/Expo68/chantierpolack.pdf


Né en 1936, Jean-Claude Polack est psychiatre et psychanalyste. Il a travaillé à
 la clinique de La Borde, de 1964 à 1976. Avec François Pain et Danièle Sivadon, 
il a coréalisé François Tosquelles, une politique de la folie" (Edition La Sept-Arte 
- 1989), un film témoignant de l'engagement de ce célèbre psychiatre catalan, 
inspirateur de la psychothérapie institutionnelle. Jean-Claude Polack est aujourd'hui 
directeur de la revue Chimères, fondée en 1987 par Gilles Deleuze et Félix Guattari.


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