Francesco Paolo Adorno
Le
désir d'une vie illimitée - Anthropologie et biopolitique
Editions Kimé 2012
Editions Kimé 2012
Date de sortie : le 19/01/2012
Il est toujours plus évident que le progrès
scientifique nous rendra bientôt capables de modifier à notre gré la nature
humaine.
La perspective de rendre enfin réel le rêve d'une
jeunesse éternelle débarrassée du poids des maladies et de la mort gagne les dernières
résistances. La possibilité bientôt avérée d'altérer la nature humaine est
rendue plus acceptable par l'incapacité tant de justifier la valeur de l'homme
que de définir ses traits spécifiques et donc sa place dans la nature. Les
raisons de l'enthousiasme qui entoure cette perspective sont nombreuses.
On nous promet l'immortalité, depuis toujours rêve de
l'humanité, mais aussi la survie de l'espèce dans des milieux très différents
du nôtre. De plus, nous attendons de ce prométhéisme biotechnologique la
libération définitive des contraintes qui nous oppriment et nous
assujettissent. Les êtres humains seront libres de choisir l'identité et la
forme qu'ils voudront, ils deviendront enfin totalement autonomes et
responsables de la forme de leur existence, de leur bios, et donc de leurs
choix.
Le post-humanisme, dans ses nombreuses déclinaisons
est en passe de dessiner tous les possibles scenarii d'un monde habité par des
mutants, des cyborgs, des êtres hybrides finalement capables de contrôler tous
les aspects de l'existence et de vivre en pleine liberté. Le but de ce travail
est de pointer les présupposés idéologiques implicites, les points de fuite,
les ombres d'un tableau si agréable dans lequel, nous dit-on, le mariage de
l'esthétique et de l'éthique engendrera un espace de liberté absolue.
L'idéologie de la manipulation de l'homme se développe
(et ne peut se développer que) à l'intérieur de la configuration politique de
la modernité en tant que biopolitique telle que Foucault l'a définie. Dans ce
sens, il nous est apparu que le post-humanisme n'est que le résultat et la
construction théorique de la biopolitique qui le fonde, le justifie et le
promeut. Alors peut-être une forme de résistance se trouve dans un processus de
réappropriation de la mort.
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