martedì 20 dicembre 2011

Isabelle Garo - Foucault, Deleuze, Althusser & Marx (Demopolis, Fr)




Foucault, Deleuze, Althusser & Marx d'Isabelle Garo, Demopolis


Foucault, Deleuze, Althusser & Marx - d'Isabelle Garo.

Voici une passionnante enquête sur le rapport à Marx de trois des plus importants penseurs français de la fin du XXe siècle. Une enquête sans complaisance, puisque l’auteure examine le rôle involontaire – joué, selon elle, par ces penseurs dans le tournant antimarxiste et antitotalitaire des années 1970. Le contenu de la philosophie althussérienne, son incompréhension de ce qui s’est passé en mai 1968 ou la critique constante pratiquée par les intellectuels vis-à-vis d’organisations politiques et syndicales alors puissantes qui soutenaient l’idéal communiste, tout cela aurait fait le lit du néolibéralisme. Isabelle Garo replace utilement l’althussérisme dans le contexte de la politique et des débats interne au PCF. (Nicolas Weill, Le Monde)
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A distance tous les a priori, cet ouvrage aborde de façon originale les œuvres de Gilles Deleuze, Michel Foucault et Louis Althusser. En effet, c'est leur rapport à Marx et au marxisme, situé au point de rencontre de l’activité théorique et de l’engagement, qui est le fil directeur de l’enquête. Il permet de mettre en évidence la nature d’intervention intellectuelle et politique de ces œuvres majeures. Irréductibles à leur contexte, ces trois parcours philosophiques sont en permanence immergés en leur temps et agissent sur lui en retour, contribuant à modifier en profondeur le paysage intellectuel et politique contemporain. Nous sommes les héritiers de ces transformations, alors que se pose de façon renouvelée la question de l'engagement et de l'action politique. L’analyse précise et critique de cette histoire permet seule d’aborder de façon renouvelée la question de l’actualité de ces œuvres, en la reliant à celle de l'actualité du marxisme, à l’heure où ressurgit la question des alternatives au capitalisme. (Revue Contretemps)
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Foucault, Deleuze, Althusser, trois philosophes phares des années 1960-1990, aujourd’hui encore au cœur dudébat intellectuel à gauche. Isabelle Garo choisit de lire leurs œuvres à la lumière du rapport qu’elles entretiennent avec Marx et le marxisme. L’hypothèse est féconde. Il apparaît nettement que ces philosophes produisent, surle terrain des problèmes marxistes, des théories alterna-tives au marxisme (ce qui est valable aussi pour Althusser). Ces productions intellectuelles ambitieuses, profondément liées au contexte de leur apparition, furent des symp-tômes de la mutation théorique et organisationnelle de lagauche à la fin des années 1970. Elles furent aussi des éléments actifs de cette transformation. Mais elles ne fournirent presque pas d’armes théoriques pour résister à la révolution néolibérale des années 1980.Le marxisme était évidemment à réformer ; mais devait-ilêtre abandonné pour autant ? Produire une alternative au marxisme, c’était révéler des problèmes auxquels il était resté aveugle jusque là, mais c’était aussi oublier des ques-tions qu’il avait été le seul à aborder. L’économie politique par exemple est la grande absentede ces œuvres philosophiques. Le capitalisme existant faitl’objet de peu d’analyse; l’idée de classe sociale disparaît.Il est vrai qu’à l’époque beaucoup prophétisaient la stabilisation définitive du capitalisme; mais aujourd’hui, enpleine crise du capitalisme, il serait dommageable pour lagauche d’en rester à de telles élaborations, aussi impor-tantes soient-elles. La nécessité d’une organisation des classes populaires,d’un Parti, disparaît quant à elle au profit de logiques individuelles (on se transforme soi même plutôt que l’ordredu monde). Les organisations ouvrières pouvaient certesêtre aliénantes, mais fallait-il aller jusqu’à condamner touteforme d’organisation (Althusser finira par écrire que l’organisation est domination) ? La politique alors privée deses médiations s’installait durablement sur le seul terrainphilosophique.Le pouvoir d’État relativisé – un pouvoir parmi tant d’au-tres – devait cesser d’être l’obsession d’une politique trans-formatrice. L’objectif ne devait plus être l’accès au pouvoirmais la mise en œuvre dès maintenant de modes de viealternatifs. Le néolibéralisme a su montrer, depuis, l’efficacité du pouvoir d’État pour changer en profondeur lavie des gens. Le livre d’Isabelle Garo veut contribuer à l’ouverture d’unenouvelle séquence théorique et politique. Il propose deréactiver un marxisme alliant une analyse attentive au réel centrée sur la compréhension du capitalisme et l’intervention politique au près des classes populaires. (Florian Gulli, Revue de Projet)
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Isabelle Garo étudie les rapports, explicites ou souterrains, qu’entretiennent Michel Foucault, Gilles Deleuze et Louis Althusser avec Marx. Un ouvrage rigoureux critiquant profondément le «postmodernisme» qui sévit actuellement dans les sciences sociales.
Quiconque s’intéresse à l’évolution des sciences sociales contemporaines ne peut manquer d’être frappé par les références permanentes faites à l’œuvre de Michel Foucault, en particulier par celles et ceux qui revendiquent une perspective «critique» sur les sociétés actuelles et leur analyse. Dans une moindre mesure, il en va de même pour les théories de Gilles Deleuze, et marginalement pour celles de Louis Althusser (cette nuance s’efface néanmoins si le regard se porte sur le monde anglophone où ce dernier connaît un étrange regain d’intérêt).
La philosophe Isabelle Garo se propose dans cet ouvrage, servi par une écriture magnifique et une acuité conceptuelle remarquable, de rendre compte de la spécificité de ces penseurs français des années 1960-1980 et de leurs fortunes postérieures. Avec un souci de la nuance qui l’honore, et auquel le chroniqueur ne peut pleinement rendre justice dans l’espace imparti, elle s’efforce de montrer les apports de ces auteurs, mais aussi les impasses auxquels ils conduisent. D’une certaine manière, elle poursuit ainsi l’entreprise de ses précédents ouvrages consacrés à la question de la représentation dans la pensée de Marx. Pour Garo, en effet, c’est dans le rapport de Foucault, Deleuze et Althusser à Marx, qu’il convient de chercher l’explication à la fois de leurs évolutions et de leurs succès ultérieurs. Si chez Althusser, ce rapport est directement revendiqué, Garo montre bien comment le philosophe du parti communiste français se détache en réalité sur des points cruciaux, de l’élaboration théorique marxienne sous couvert d’une fidélité finalement uniquement rhétorique.
Ce rapport est beaucoup plus souterrain dans le cas de Foucault et, dans une moindre mesure de Deleuze (et de son collègue Félix Guattari), mais d’autant plus puissant qu’il est réprimé. Garo suit les contours de ces pensées et montre comment elles répondent à la fois à des impératifs propres d’élaboration théorique, mais aussi aux transformations dans le contexte politique et économique international et français en particulier. Le renoncement à une pensée de la totalisation – commodément et rapidement associée à la dénonciation du «totalitarisme» – conduit notamment Foucault à se replier sur une analyse et une politique décentrée des rapports de force fondamentaux (notamment de l’Etat) au profit de la glorification de la différence et de la multiplicité des identités. Le renoncement à toute politique de transformation sociale, et l’apologie de la fluidité, autorise en retour les lectures et pratiques proprement néolibérales qui ont été faites de ses œuvres.
Au final, c’est bien à une attaque contre le «postmodernisme» dans les sciences sociales que cet ouvrage contribue. Une telle critique, dépassant de loin la polémique ou le pamphlet et fondée sur une lecture rigoureuse des textes et de leurs effets, n’a que trop tardé dans le monde francophone, comme le souligne l’auteure en comparaison avec la situation anglophone. Pour la philosophe, cette critique, adossée à un renouveau des sciences sociales, doit se colleter, à nouveau, à la question de Marx, par-delà les dogmatismes et les caricatures. Pour l’auteure, il semble que cette tâche soit tout autant scientifique que pratique. (Romain Felli, Le Temps)

Isabelle Garo enseigne la philosophie en classes préparatoires. Elle a publié plusieurs ouvrages et articles portant principalement sur Marx et le marxisme. Elle co-organise le Séminaire «Marx au XXIe siècle» (Paris-I), la GEME (Grande Édition des OEuvres de Marx et d'Engels en français) et la revue Contretemps.

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